essais d'underground
J'ai reçu plein de messages de lecteurs, qui je l'avoue m'ont plongé dans l'embarras et qui sont la cause de ma pause de plus d'une semaine. On m'a dit que mon humour était ringard, que mon attachement à la grande bande dessinée d'aventure était dépassé, que maintenant il fallait être "décalé", "absurde" et "iconoclaste" pour plaire. Au début j'ai cru que ça voulait dire être parodique, mais en fait pas seulement, c'est plus compliqué que ça il paraît. Alors je m'y suis efforcé dans mes carnets mais je sais pas si c'est très convaincant, à vous de juger...
Alors dans celui-là j'ai essayé d'être à la fois classiquement underground et effrayamment décalé : y'a deux éléments légendaires de l'humour parodico-trash - l'univers du commerce et les blagues par rapport au fait de puer de la bouche - mais j'ai évité le gag classique de préciser que c'est le seul vendeur du magasin (eh oui regardez, j'ai pas mis "seul" entre "le" et "vendeur"), car là ça aurait vraiment fait référence au côté surfait d'un dessin d'humour où un mec serait seul dans un magasin avec un vendeur qui sent mauvais, là ça aurait clairement fait parodique, or on m'a dit qu'il faut être parodique sans l'être. Dont acte. (Bon du coup j'ai été obligé de mettre un Post-Scriptum pour qu'on comprenne un peu mieux, mais c'est pas grave hein ?)
Alors dans celui-là j'ai vraiment voulu être dans le style "mauvais goût cynique et auto-satisfait", vous savez le genre de mecs qui ont du recul devant tout, qui font comme si tout était rigolo, qui se cachent derrière leur second degré permanent et donc qui aiment bien faire des blagues décalées où il est question de prostitution, de pédophilie, de racisme ou de pornographie parce qu'il paraît que c'est trop marrant et qu'il faut savoir en rire pour pouvoir se montrer supérieur par rapport à la vie. J'ai failli en rajouter une couche en faisant dire au mec "t'es pas une pute, à ce que je sache !", mais il paraît que "pute" c'est trop démodé tellement que ça a été utilisé pour faire 'faussement vulgaire' comme on dit, à savoir viril et mordant (mais donc avant c'était branché), alors j'ai opté pour la réplique du tac au tac "t'es con ou quoi ?" qui est vraiment comme on parle dans le langage courant donc qui est trop drôle je crois.
Bon là j'avoue c'est un peu prévisible, c'est classique dans le registre de l'humour cruel et décalé. Ouais, j'ai voulu être commercial : je me suis moqué d'un handicap. Ouais, j'aurai trop la côte auprès de l'underground politiquement incorrect, trop bien !!!
Et l'on finit par un passage obligé dans l'humour absurde pince-sans-rire : la référence à la bouffe. Parfois ça peut aussi être à un meuble dérisoire comme un tabouret, mais c'est quand même la nourriture qui garde la première place, et surtout les matières premières comme le sucre ou ici la farine. Et puis surtout, trop important à savoir : faut parodier la pub en faisant donc une phrase exclamative dans un grand éclair, c'est trop décalé ! Et faut que le personnage cligne d'un oeil pour se moquer du côté débile régressif des réclames ! Bon, j'avoue que j'ai hésité entre plusieurs phrases, à votre avis c'est laquelle la mieux par rapport à la farine ?